La première ambassade française en Haïti
Par une ordonnance du 17 avril 1825, le Roi de France renonça à ses droits de souveraineté sur Saint-Domingue et reconnut l’indépendance d’Haïti aux conditions suivantes : versement d’une indemnité de 150 millions aux anciens colons, payable en cinq termes égaux ; réduction de moitié des droits d’importations et d’exportations.
Ce texte permit l’ouverture de relations diplomatiques entre la France et la jeune République : le 14 août 1825, Maler, ancien consul général de France à Rio - et ancien émigré, passé au service de l’Espagne, puis du Portugal, avec le grade de Colonel - recevait ses lettres de créance pour rejoindre Haïti en tant que chargé d’affaires et Consul général.
Ses instructions datées du 2 septembre lui enjoignaient de gagner la confiance du gouvernement haïtien, de veiller à l’application de l’ordonnance du 17 avril, de ramener les commentaires d’une presse française très hostile à l’indépendance à leurs justes proportions et de veiller à la protection du commerce français.
Mais il s’agissait également de la première expérience de décolonisation jamais menée par un gouvernement français : le représentant de la France avait donc pour mission d’aider, autant que possible, les autorités haïtiennes à organiser leur administration intérieure.
Maler débarqua à Port-au-Prince le 6 novembre 1825. Il était accompagné de deux agents consulaires, Mollien qui portait le titre de vice-consul pour le Cap-Haïtien, et Ragueneau de la Chesnaye celui de consul aux Cayes.
Le 31 octobre, alors que ces trois agents étaient en mer, une convention commerciale avait été signée à Paris par des représentants des deux gouvernements. Ce premier traité ne fut toutefois jamais ratifié par le Président d’Haïti, Jean Pierre Boyer. Maler se vit donc confier la tâche de négocier les modifications jugées nécessaires par les Haïtiens. Il n’y parvint pas et quitta son poste en 1828, peu avant d’être admis à faire valoir ses droits à la retraite.
Son successeur à Port-au-Prince fut Gaspard-Théodore Mollien.
Sources :
M. Degros, Création des postes diplomatiques et consulaires, Revue d’histoire diplomatique, 1986
J-F. Brière, Haïti et la France, 1804-1848 : le rêve brisé, Paris, Karthala 2008.